Le Vinocamp Rhône 2013 en images

Vinocamp Rhône, dans les coulisses du conclave des passionnés du vin et du web

Il y a 3 semaines jour pour jour, je me trouvais dans le train qui m'emmenait dans la cité des Papes pour participer à un conclave... Ici, pas question d'élire un nouveau pape, mais simplement de réunir en un seul et même endroit des passionnés et professionnels du vin et du web d'horizons variés pour leur permettre d'échanger sur les nouveaux moyens de communication autour du vin.

Vous l'aurez compris, c'est du Vinocamp qu'il est question et plus précisément de la 11ème édition qui était organisée par notre duo de choc, Anne-Victoire Monrozier (aka Miss Vicky Wine) et Grégoire Japiot, en collaboration avec les équipes d'Inter Rhône (l'interprofession des vins du Rhône).

Ce Vinocamp Rhône avait donc lieu à Avignon. La ville où j'ai vécu pendant 5 ans mais aussi la ville où tout a commencé puisque c'est dans cette ville qu'est née mon idylle avec le vin. "La ville de mon premier amour" en quelque sorte... Ah nostalgie quand tu nous tiens ! Mais revenons à nos moutons et au programme de ce week-end bien chargé.

Vendredi : soirée d'accueil pour les premiers arrivants avec déjà quelques belles découvertes en provenance du nord de la Vallée du Rhône (Crozes-Hermitage, Cornas, Condrieu...).

Samedi : rendez-vous à la Maison des Vins pour le démarrage officiel du Vinocamp. Un bel endroit pour accueillir plus d'une centaine de participants : des petits nouveaux, des vieux de la vieille, beaucoup de vignerons et même un "gourou du marketing" et un hérisson géant! Autant vous dire que c'était LE lieu où il fallait être ce jour-là! Après l'habituelle présentation des participants en 3 hashtags, place aux propositions de thématiques pour les 3 sessions d'une heure qui vont rythmer la journée. Le tableau se remplit rapidement pour aboutir aux 11 thèmes suivants :

Thèmes ateliers - Vinocamp Rhône 2013

Les troupes se répartissent alors dans les différents ateliers et les discussions s'enchaînent jusqu'au milieu de l'après-midi, entrecoupées par une pause déjeuner ensoleillée. Pendant les ateliers, ça participe, ça débat, ça rigole, ça tweete (bien pratique pour suivre virtuellement les ateliers auxquels on a dû renoncer), et entre chaque session, les participants se retrouvent pour un résumé rapide, effectué par un volontaire de chaque atelier, des échanges qui viennent d'avoir lieu.

A peine les sessions terminées, on ne perd pas le rythme puisque vient l'heure du Live Tasting. L'occasion de découvrir un nombre incalculable de vins, du Rhône bien sûr, mais aussi de Loire, de Savoie, de Champagne... Bien sûr on a envie de tout goûter et de passer des heures à discuter avec ces vigneron(ne)s souriant(e)s et passionné(e)s qui nous parlent tellement bien de leurs vins. Mais voilà, ce coup-ci, il y avait tellement de vins à déguster qu'il a fallu trouver une astuce pour satisfaire tout le monde : le BottleSwap. Un super concept qui permet d'échanger avec un autre participant la bouteille qu'on a apportée (car amener une bouteille à faire découvrir fait partie des traditions du Vinocamp). L'idée étant ensuite de partager son avis post dégustation avec le hashtag #bottleswap. Bref, avec un excellent moyen de faire des découvertes, de rencontrer de nouvelles personnes et de prolonger ce moment de convivialité.

S'en suit un jeu de piste en équipes dans les rues d'Avignon, un polar entre les mains. Jeu qui nous emmène en début de soirée au Grenier à sel pour une soirée aux accents jazzy. Au programme de nouvelles découvertes, avec notamment les vins du Massif d'Uchaux, une jolie appellation des Côtes du Rhône dont je reparlerai sûrement bientôt car j'ai été séduite par plusieurs des vins dégustés.

Dimanche : la traditionnelle visite nous emmène au pied des dentelles de Montmirail. D'abord à Vacqueyras avec 2 vignerons en biodynamie, puis sur les hauteurs de Gigondas en présence notamment du célèbre géologue Georges Truc, pour finir à Beaumes-de-Venise pour un déjeuner et de nouvelles dégustations autour de ces 3 appellations.
Appellations dont je parlerai dans un prochain billet car le salon Découvertes en Vallée du Rhône, qui avait lieu après le Vinocamp, m'a donné l'occasion d'assister à d'intéressantes Master Classes.

Vinocamp Rhône 2013 - visite Vacqueyras
Visite à Vacqueyras
Vinocamp Rhône 2013 - visite Gigondas
Visite à Gigondas

En résumé, un weekend placé sous le signe de la bonne humeur, des belles rencontres et des jolies découvertes !

C'est tout, pour aujourd'hui.
La suite de mon escapade en Vallée du Rhône dans les prochains billets !


Le jour où j'ai rencontré (Plan de) Dieu...

C'était début mars. Alors que j'étais en pleins préparatifs de mon séjour à Avignon pour le Vinocamp et le salon Découvertes en Vallée du Rhône, je vis mon facteur arriver avec un joli colis en provenance de la cité des Papes. Un colis qui se trouvait être un avant-goût idéal de mon séjour puisqu'il s'agissait de 2 vins issus d'une appellation appartenant à l'AOC Côtes du Rhône Villages et répondant au nom un peu mystique de "Plan de Dieu".

Pour la petite histoire, le 11 février avait lieu à Paris une soirée organisée par Louise Massaux en présence d'une vingtaine de vignerons de Plan de Dieu venus faire découvrir leurs crus à quelques fous de vins. Soirée à laquelle je n'avais malheureusement pas pu me rendre n'ayant pas de déplacements prévus dans la capitale à cette date. Qu'à cela ne tienne, quelques jours après la soirée Louise me proposa de m'envoyer quelques unes des bouteilles dégustées. D'où l'arrivée de mon colis ce matin de mars.

"Plan de Dieu", ok, ça en jette pas mal comme nom mais de quoi cause-t-on exactement ?

Plan de Dieu, c'est une appellation qui s'étend sur les communes de Camaret-sur-Aigues, Jonquières, Travaillan et Violès dans le département du Vaucluse. Les vignes y courent sur 1 500 ha à 110 m d'altitude et bénéficient d'un climat méditerranéen ensoleillé, allié à un Mistral asséchant.
L'appellation doit son nom à une légende selon laquelle la traversée de ce coin, carrément craignos à l'époque, méritait que l'on remette son âme à Dieu pour être sûr d'en sortir indemne.
L'AOC Côtes-du-Rhône Villages Plan de Dieu a été créée en 2005 et ne s'applique qu'aux rouges. Rouges composés majoritairement (au moins 50%) de Grenache Noir, complété par de la Syrah et du Mourvèdre à hauteur de 20% minimum.
Au final, cela donne des vins colorés, intenses et concentrés.

Un nom mystique, une légende avec des méchants dedans, des vins couleur de sang...encore un peu et on se croirait dans un nouvel opus de la saga Twilight !

Mais trèves de plaisanterie, passons aux choses sérieuses...

La dégustation

Degustation-Plan-de-Dieu

Dans mon fameux colis, se trouvaient 2 bouteilles.

Le soir-même je décide d'ouvrir la première car son nom "Exaltation corsée" m'intrigue.
Ce vin est produit par le Caveau des Vignerons Réunis de Sainte-Cécile-les-Vignes.
La robe est dense, rouge sombre aux reflets grenat. Au nez, le fruit s'affirme puis la garrigue et les épices s'invitent en coulisses. En bouche, j'ai été agréablement surprise par ce vin. Le fruit reste très présent, avec une pointe d'épices et de poivre pour apporter du dynamisme. Les tanins sont assez souples et ronds, malgré la relative jeunesse du vin (on est sur le millésime 2010). En conclusion, vraiment pas mal du tout!

La deuxième bouteille, du Domaine de l'Espigouette, a dû attendre mon retour d'Avignon. C'est au cours d'un repas du dimanche que j'ai décidé de l'ouvrir.
On est en nouvelle fois en présence d'un vin à la robe d'un rouge profond. Au nez, je grimace un peu car l'alcool me semble l'emporter sur les autres arômes. Et cette impression se confirme en bouche. L'alcool est à mon sens encore trop présent, et masque les arômes qui m'ont pourtant l'air intéressants. Les tanins sont relativement souples et la finale est poivrée. En résumé, ce vin présente de l'intérêt mais pâtit de la trop grande fougue de sa jeunesse. À redéguster plus tard donc ou dans un autre millésime pour se faire une meilleure idée.

Voici le lien vers le site des 2 domaines concernés :
Caveau Cécile des Vignes : http://www.ceciledesvignes.fr/
Domaine de l'Espigouette : http://www.espigouette.com

Si vous souhaitez en savoir plus sur l'appellation dans son ensemble, je vous invite à visiter la page dédiée sur le site des Vins du Rhône ICI ou encore la page Facebook de l'appellation ICI.

N'hésitez pas non plus à aller voir le blog de Louise Massaux pour découvrir l'ensemble des vignerons qui étaient présents à la soirée que j'évoquais au début de ce billet : http://quillesdefilles.com/?p=1279


La-clef-des-terroirs-Guillaume-Bodin

Quand l'amour et le vin se racontent en images (2)

Après un week-end qui a vu la célébration du film "Amour" de Michael Haneke d'abord aux Césars (5 récompenses dont le César du meilleur film) puis aux Oscars (sacré meilleur film étranger), je vous propose de continuer sur ce thème afin de clore le billet "amour et vin en images" débuté la semaine dernière. Car quand on évoque le lien qui unit un vigneron à ses vignes et à son vin, c'est bien souvent d'amour qu'il est question.

Dans la première partie de ce billet (que vous pouvez lire ICI), j'évoquais Les Ignorants d'Etienne Davodeau, une bande dessinée pour laquelle j'ai eu un vrai coup de cœur. Aujourd'hui, c'est d'un DVD dont je vais vous parler.

Il se trouve qu'il y a quelque temps j'ai commandé le DVD de La Clef des Terroirs de Guillaume Bodin car je n'avais pas vu ce film documentaire lors de sa sortie en salles en 2011. Le DVD reçu, je n'ai malheureusement pas eu le temps de le regarder tout de suite et ça n'a pas loupé, après l'avoir rangé, je l'ai comme qui dirait "oublié" dans son placard.
Or voilà que je retombe dessus en rangeant ma BD des Ignorants. Ni une ni deux, je m'empare du DVD et file le regarder, convaincue qu'il tombe à pic pour mieux comprendre le concept de biodynamie abordé rapidement dans Les Ignorants. D'autant plus qu'en relisant le descriptif au dos, je m'aperçois que Richard Leroy fait partie des vignerons interrogés !

Quelques heures plus tard (car le dvd contient le film de 82 min mais aussi plusieurs bonus), je suis à la fois ravie de mon achat et contente de l'avoir regardé juste après Les Ignorants.

Pourquoi j'ai aimé ce film?

D'abord parce que c'est un très beau film, visuellement parlant.

Ensuite, parce que la biodynamie y est expliquée de façon relativement simple. On apprend ce qu'est la bouse de cornes (oui, oui, vous avez bien lu), pourquoi on l'utilise, quelles sont les propriétés des tisanes, etc. On est loin des clichés réducteurs qui la présentent souvent comme un truc pour les illuminés. D'ailleurs ce film rappelle très justement que le vignoble de la Romanée Conti en Bourgogne est conduit en biodynamie. Or Aubert de Villaine n'a, à mes yeux, rien d'un illuminé.

Enfin, si je l'ai aimé, c'est surtout parce que c'est un film qui place l'humain au coeur du message. Pas question de sectarisme dans ce film. Tous les protagonistes ou presque vous disent que le choix de la biodynamie est un choix personnel, une philosophie de vie. Ce qui les anime c'est avant tout l'amour qu'ils portent à leur terroir, à leurs vignes, à leurs raisins ; la volonté qu'ils ont d'accompagner ces derniers, comme on accompagne un enfant tout au long de sa vie. Et cet amour se ressent presque à chaque instant dans ce film. Dans la façon dont les frères Bret touchent leurs vignes, dans la façon dont Thibault Liger Belair prend les raisins à pleines mains dans sa cuve en parlant de "ses bébés", dans la façon dont Richard Leroy écoute ses barriques en se réjouissant de la reprise de la fermentation après le froid de l'hiver...

Après ceci, je ne vais pas vous mentir, je ne me suis pas pour autant transformée en farouche partisane de la biodynamie.
Pourquoi? Tout simplement parce que pour moi, ce qui importe avant tout c'est que le vin soit bon et qu'on prenne du plaisir à le boire. Or la pratique de la biodynamie, aussi louable soit-elle, ne garantit pas à mes yeux que le vin soit bon. Et mes dégustations jusqu'à présent m'ont par ailleurs déjà prouvé que les vignerons pratiquant la biodynamie n'étaient pas les seuls à pouvoir faire du bon vin.
En revanche, ce que j'aime dans la biodynamie telle qu'elle est présentée dans le film de Guillaume Bodin c'est le rapport de ces vignerons à leur terre et cette idée de traiter la vigne et le sol comme des êtres vivants, de les protéger, de les soigner...pour en tirer le meilleur, la quintessence.

Cette première plongée virtuelle dans cet univers de la biodynamie m'a d'ailleurs donné envie d'aller à la rencontre de vignerons ayant fait ce choix pour mieux comprendre leur démarche personnelle et goûter le résultat. Car comme le dit très bien Guillaume Bodin, "le vin c'est une histoire mise en bouteille".
Je vous parlerai bientôt de ces rencontres sur Very Wine Trip.

En attendant, je vous conseille vivement de regarder La Clef des Terroirs pour vous faire votre propre avis.

Et pour conclure, je reprendrais 2 phrases du film qui me semblent pertinentes pour résumer la biodynamie :

"Ce n'est pas la biodynamie qui fait la qualité d'un vin mais la biodynamie aide le vigneron à se remettre en question et à avoir une meilleure compréhension de la nature et de la terre" - Thierry Germain

"Si les vignerons regardaient avec un regard amoureux leurs vignes, on aurait fait un grand pas dans l'agriculture en terme de respect des terroirs" - Jean-Philippe Bret

La Clef des Terroirs - Un film de Guillaume Bodin
Production Universditvin - Éditions Montparnasse
Pour en savoir plus sur ce film, n'hésitez pas à aller sur le site www.laclefdesterroirs.com


VDV #53 : Quand Orange Mécanique vous emmène sur une île...

Aujourd'hui c'est ma toute première "Vendredis Du Vin" party!

Les Vendredis du Vin ou "VDV", pour ceux qui ne connaissent pas, c'est le dernier vendredi de chaque mois et c'est l'occasion pour les blogueurs et les amateurs de vin de partager leurs dégustations sur un thème choisi par le blogueur-président du mois. Ce que j'aime dans Les Vendredis du Vin, c'est cette idée que plusieurs personnes d'horizons variés se mettent à parler du vin sur un même thème. Le résultat : toujours de beaux billets et surtout de belles bouteilles à découvrir ou redécouvrir. Jusqu'à présent je me contentais de lire les billets des autres, mais je me suis dit que cette fois-ci j'allais prendre mon courage à deux mains et me lancer pour faire honneur à la présidente.

Car cette fois-ci, c'est Sand, notre Belge préférée, dont j'adore le blog La PinardotheK, qui est présidente et ça n'a pas manqué, le thème qu'elle a choisi est presque aussi barré qu'elle : Orange MécaniK! Sa demande pour les VDV #53 : "Parlez-moi de vins orange".

Autant vous dire que face à ce thème, ma première réaction a été "euh, finalement je vais peut-être passer mon tour et essayer de me lancer la prochaine fois".
Parce que bon, du vin orange, ça ne me parle pas trop vu que je n'en ai jamais bu. Le "vin d'orange" à la rigueur car ma grand-mère nous en proposait parfois à l'apéritif. Mais du vin "orange", c'est une autre histoire!
Bien sûr, il y avait toujours la possibilité de jouer le côté orange différemment en partant sur un vin avec une étiquette orange. Faisable, mais un peu trop facile, me suis-je dit. Un vin produit par la Principauté d'Orange? Possible aussi, mais moi j'avais plutôt envie de parler d'une de mes régions de prédilection. La Corse par exemple.

La Corse...Oui, c'était décidé, j'avais envie de parler d'un vin corse !

Mon premier coup de cœur pour un vin corse ayant été pour un Clos Canarelli blanc, je commence par me dire que je vais d'abord regarder du côté d'Yves Canarelli pour voir si par le plus grand des hasards il n'aurait pas un vin orange dans sa collection. Tiens, il existe une Cuvée Amphora vinifiée en partie en amphore mais ça ne convient pas car c'est une cuvée de rouge, donc elle ne sera pas orange. Je cherche encore parmi les noms que je connais mais sans succès, et je finis par me dire que je peux oublier l'idée "corse".

Dépitée, je m'en vais voir mon caviste habituel et lui expose ma problématique "orange". Manque de bol, il n'a pas de vin de cette couleur. Cherchant une alternative, il me reparle des vins de la Principauté d'Orange, mais rien n'y fait, ces derniers ne m'inspirent pas pour écrire. Je rentre donc chez moi convaincue que cette première participation sera finalement avortée, faute d'avoir trouvé la bouteille qui me fasse vibrer "façon Orange Mécanique".

C'était sans compter mon cher et tendre, complètement étranger à mes problèmes de couleurs, qui quand j'arrive à la maison me dit qu'il faut absolument que je goûte le vin qu'il avait ramené de Corse après les fêtes, mais avait "oublié" dans la cave à vins et venait de retrouver. Pas forcément fan des vins sucrés, je rechigne un peu mais accepte finalement le verre qu'il vient de placer fièrement devant moi.

Verre de Muscatellu di Mursiglia - domaine de Pietri Et là, illumination, le vin sur lequel je pose mes yeux est orange. Ok, pas orange pétard. Plutôt un joli ambré. Mais pour moi l'ambre c'est orange donc ça compte !

J'y plonge le nez et d'un coup un sourire illumine mon visage. Mon dieu que ça sent bon! Abricot, miel, fruits secs...Une véritable invitation à la découverte! Je le porte délicatement à la bouche et il se révèle d'une incroyable gourmandise. C'est un vin doux, donc sucré, mais contrairement à ce à quoi on pourrait s'attendre, il n'est absolument pas écœurant. Au contraire, en bouche, sa complexité s'affirme et il fait preuve d'une belle longueur qui enveloppe vos papilles d'un voile de douceur et vous donne furieusement envie d'y revenir.

Ce vin le voici : il s'agit du Muscatellu di Mursiglia du Domaine de Pietri, millésime 1999. "Muscat de Morsiglia" si on veut le dire en français et non en corse, mais moi je maintiens qu'à l'oreille c'est beaucoup plus joli en corse (bon, d'accord, mon compagnon est Corse, donc je ne suis peut-être pas tout à fait objective, je vous l'accorde).

Muscatellu di Mursiglia - domaine de Pietri
Muscatellu di Mursiglia - Domaine de Pietri (famille Paoli) - 1999

Morsiglia, c'est un charmant village du Cap Corse dominant le port de pêche de Centuri dont vous trouverez quelques photos à la fin de ce billet.

Le Domaine de Pietri y fut créé en 1768 et se transmet depuis de génération en génération. Il est aujourd'hui exploité par les filles d'Eugène Paoli qui contribuent à perpétuer les traditions en maintenant une méthode de vinification à l'ancienne pour ce muscatellu. Ce dernier est élaboré à partir de muscat petit grain (duquel il tient son nom car "ellu" est le diminutif utilisé en corse pour dire petit) et de malvoisie. Les raisins sont récoltés le plus tardivement possible et passerillés (c'est-à-dire laissés à sécher) sur des "teghje" ou terrasses de lauzes*, ce qui permet d'obtenir des raisins concentrés en sucre naturel et en arômes et de réaliser une vinification sans mutage à l'alcool.

Un domaine que je ne connaissais pas jusqu'à ce fameux verre mais que je vais m'empresser d'aller visiter lors de mon prochain séjour dans la Cap Corse car j'ai vraiment été séduite par ce vin et je serais très curieuse de goûter aussi leur Impassitu et leur Rappu.

Et voilà, nous arrivons à la fin de mon premier billet pour les Vendredis du Vin. J'espère qu'en le lisant vous avez pris autant de plaisir que moi en l'écrivant, et surtout j'espère vous avoir donner envie d'aller à la découverte de ce domaine et de ces vins.
Allez, je vous laisse, il y a un verre de Muscatellu qui me fait de l'œil !

N'hésitez pas à aller sur le site ou la page facebook des Vendredis du Vin pour découvrir les billets des autres participants.

* la lauze étant une pierre plate et résistante, plus épaisse que l'ardoise, utilisée notamment pour les toitures des maisons

Village de Morsiglia
Le village de Morsiglia (source Wikipédia)

Les-Ignorants-Etienne-Davodeau

Quand l'amour et le vin se racontent en images (1)

Quelques jours après la Saint Valentin, j'avais envie de vous parler d'amour...L'amour d'un vigneron (au sens générique, donc homme ou femme) pour ses vignes.

Un amour que j'ai récemment eu l'occasion de ressentir à deux reprises. "Indirectement" devrais-je ajouter car dans les deux cas ce n'était pas dans le cadre d'une rencontre physique avec un vigneron. En effet, la première fois ce fut en parcourant les pages d'une bande dessinée et la seconde en visionnant un DVD. "Ça manque un peu de contact humain" me direz-vous, et pourtant, l'homme est au cœur de ces deux expériences.

Commençons par la bande dessinée.
Depuis plusieurs mois, j'entendais parler de cette bande dessinée d'Etienne Davodeau sur le monde du vin, intitulée "Les Ignorants". Mais voilà, n'étant pas une grande amatrice de BD en général, j'avoue que cet ouvrage ne m'inspirait guère et du coup, j'évitais copieusement de lire les critiques, convaincue que j'étais que ça ne m'intéresserait pas. Et puis, à force de voir ces "Ignorants" mentionnés à plusieurs reprises dans des discussions, notamment par des personnes que j'ai plaisir à lire, ma curiosité naturelle a fini par l'emporter et je me suis finalement décidée à partir en quête de cet ouvrage, "juste pour voir".

Moi qui m'attendais à un format de BD classique (que je trouve toujours trop court à lire donc frustrant), j'ai d'abord été agréablement surprise de me retrouver au moment de l'achat face à un gros livre de 272 pages. Une BD avec de la matière, voilà déjà un bon point! Mais de quoi est-il question au juste dans cette BD?

"Les Ignorants" c'est l'histoire de deux passionnés amoureux de leur métier. Etienne Davodeau, d'un côté, auteur de BD, et Richard Leroy, de l'autre, vigneron dans la Loire ; deux noms inconnus pour moi car je ne connaissais ni les oeuvres précédentes d'Etienne Davodeau, ni les vins de Richard Leroy avant d'ouvrir ce livre.
Dans les premières pages, on découvre ainsi qu'un jour, le premier propose au second un pari fou, celui de passer un an en sa compagnie pour découvrir et mieux comprendre le monde du vin, avec la volonté en retour de lui faire découvrir celui de la bande dessinée. "Les Ignorants" c'est donc le récit de cette initiation croisée et j'avoue que cette idée et cette envie de faire l'effort de faire un pas vers l'autre pour comprendre son univers m'a tout de suite séduite. Et les pages suivantes ne m'ont pas déçue, bien au contraire.

Ce que j'ai aimé c'est le talent avec lequel Etienne Davodeau parvient à retranscrire de façon extrêmement réaliste et passionnante cette année riche de découvertes, d'échanges et de rencontres. On rentre aisément dans l'univers des deux protagonistes et on a vraiment l'impression d'être présent à leur côté au fil des pages. Pour ma part, j'ai aimé découvrir l'univers de la bande dessinée que je connaissais peu, mais j'ai bien sûr été encore plus sensible à la description faite de cette année dans la vie d'un vigneron. D'abord parce que j'ai trouvé les différentes phases de la naissance d'un vin expliquées très simplement et sans angélisme. Ensuite parce que grâce au trait si spécifique d'Etienne Davodeau j'ai vraiment eu l'impression de voyager avec eux dans la Loire, mais aussi dans les différentes régions viticoles qu'ils parcourent à la rencontre d'autres vignerons (notamment la Corse si chère à mon cœur). Enfin, parce que j'ai très vite éprouvé beaucoup de tendresse pour ce vigneron barbu aux allures d'ours, que rien ne prédestinait à ce métier. Pourquoi? Justement parce qu'au fil des pages on sent sa passion, ce lien tellement fort qui le rattache à ses vignes. On réalise à quel point ces dernières sont présentes dans son quotidien, même quand il est loin d'elles. Si ce n'est pas de l'amour, je ne sais pas ce que c'est!

Vous l'aurez compris, j'ai eu un véritable coup de cœur pour ce livre/bande dessinée, qui parle d'amour et de partage, deux choses essentielles pour moi quand on parle de vin, et je ne peux donc que vivement vous conseiller de le découvrir pour vous faire votre propre avis.

Si j'ai adoré parcourir les pages des "Ignorants", je vous avoue avoir refermé cet ouvrage avec la furieuse envie de goûter les vins de Richard Leroy. Envie non assouvie au moment où je vous écris, faute d'avoir pu les trouver chez mon caviste habituel. Mais ce n'est que partie remise et je vous dirai vite ce que j'en ai pensé, même si j'ai un peu peur d'être déçue car la lecture de ce livre a certainement renforcé mes attentes vis-à-vis de ces vins.

Dans mon prochain billet, je vous parlerai du DVD que j'évoquais dans mon introduction, qui lui aussi parle d'amour.
À suivre donc...

Les Ignorants, récit d'une initiation croisée - Étienne Davodeau - Éditeur Futuropolis - 24.90€
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