Rencontre avec Maria-Francesca Devichi, aka Mademoiselle D., vigneronne en Haute-Corse

Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas brossé le portrait d'un vigneron ou d'une vigneronne, essentiellement par manque de temps. Qu'à cela ne tienne, j'ai décidé qu'en 2015 j'allais tout faire pour essayer de trouver du temps et renouer avec ce plaisir que j'avais à aller "sur le terrain", à la rencontre des personnes qui se cachent derrière les bouteilles qui me font vibrer ou m'interpellent.
Afin que ces bonnes résolutions ne résument pas à de belles paroles, je vous propose de commencer tout de suite, en revenant avec vous sur une visite qui date de cet été. Pour ce premier portrait du millésime 2015, je vous emmène en Haute-Corse, et plus précisément au lieu-dit Fontana, à Barbaggio, tout près de Patrimonio, à la découverte de Maria-Francesca Devichi (que vous pouvez aussi appeler Marie-Françoise), aka Mademoiselle D., et de son domaine éponyme.

Avant de faire les présentations, laissez-moi vous situer le cadre géographique...

Map google pour situer Barbaggio en Corse
La version "google" pour vous situer le petit village de Maria-Francesca, sur la route entre Saint-Florent et Bastia

Le caveau du domaine Devichi, où Maria-Francesca vinifie ses vins et accueille le public, se trouve sur les hauteurs, sur la route menant de Saint-Florent à Bastia, au cœur du lieu-dit Fontana, sur la commune de Barbaggio.
Les vignes en revanche, sont plus bas, dans la plaine.

Google Street View du caveau Devichi
Google Street View du caveau Devichi au lieu-dit Fontana
Vue côté mer sur la route de Barbaggio
Vue "côté terre" depuis la route entre Patrimonio et Barbaggio
Vue côté terre sur la route de Barbaggio
Vue "côté terre" depuis la route entre Patrimonio et Barbaggio

Du domaine Jacques François Devichi à Mademoiselle D ...

Ce domaine de 40ha appartient depuis 6 générations à la famille Devichi, une des plus anciennes familles de vignerons de l'île.
Le grand-père de Maria-Francesca fut même l'un des premiers de l'appellation Patrimonio à mettre le vin en bouteille et à proposer la dégustation gratuite à la cave .
portrait Maria-Francesca Devichi
Après un parcours qu'elle qualifie elle-même de "très éclectique", Maria-Francesca Devichi a rejoint l'exploitation familiale en 2002, et a officiellement repris les rênes en 2012, devenant ainsi la 6ème génération à la tête du domaine, et la première femme.

Quand j'ai commencé à aider mon père, il apportait le vin fini et agréé en coopérative. A l'époque, il avait fait ce choix avec ma mère car je ne devais pas reprendre l'exploitation et cela lui permettait d' "économiser" en temps la partie commerciale et la mise en bouteilles pour peaufiner le travail de ses vignes, et les rendre encore plus belles.
Puis la coopérative a fait faillite, avec une créance encore impayée à ce jour. Ça n'a pas été facile, il a fallu nous retrousser les manches, conserver nos salariés [certains travaillent avec nous depuis plus de 20 ans] et trouver de nouveaux marchés. Même si le travail ne me fait pas peur, j'ai surtout eu la chance de croiser les bonnes personnes au bon moment, je leur en serai toujours reconnaissante. On a ouvert de nouvelles voies, et on a continué à vendre en gros au négoce et à l'export pendant encore des années. Puis ma reprise de l'exploitation s'est profilée comme une évidence.MF Devichi

Aujourd'hui Maria-Francesca est donc vigneronne à 100%, et peut compter sur une équipe de 7 personnes pour l'épauler, ainsi que sur son père, Jacques Devichi, qui l'a formée et continue de lui donner un coup de main, en l'aidant notamment à superviser le travail à la vigne.

En reprenant le domaine, elle a très vite été confrontée à un problème de taille : l'absence de notoriété du domaine Devichi.

Quand les gens m'interrogeaient sur mon métier et que je répondais vigneronne, on me demandait tout de suite le nom de mon domaine. Et systématiquement, quand je répondais "Devichi", personne ne connaissait... Il faut dire que cela faisait 10 ans que mes parents ne mettaient plus en bouteille sous leur étiquette, alors forcément, le nom s'était un peu perdu.
Un peu piquée d'orgueil j'ai voulu remédier à ça, recréer une image, un visuel, démarcher quelques établissements, et reprendre la vente au caveau.
Puis, je me suis lancée, j'ai "créé ma marque", parce qu'en 2015 un paysan est aussi businessman, et Mademoiselle D est née. Un peu pour marquer l'étape, qui est grande pour moi et pleine de challenges à relever, dans un milieu plutôt masculin; et puis aussi pour me dire que si le destin a voulu que je reste sur mes terres (et il a eu raison) c'est pour y laisser quand même un peu mon empreinte.MF Devichi

logo Mademoiselle D en cours de création
Nouveau logo en cours de création pour Mademoiselle D

Outre ce projet de création de marque, Maria-Francesca s'est aussi investie personnellement dans la promotion de ses vins, notamment sur les réseaux sociaux.
Pour tout vous dire, c'est d'ailleurs comme cela que nous nous sommes rencontrées. Car, j'ai beau connaître un certain nombre de domaines corses, je dois bien admettre que je n'avais jamais entendu parler du domaine Devichi avant de tomber sur ce domaine sur Twitter, puis sur Instagram, ce qui ne m'a pas empêchée d'être tout de suite intriguée par ce petit domaine de Haute-Corse et par la demoiselle qu'il y avait derrière.

Une demoiselle qui m'a d'emblée parue très dynamique, fourmillant d'idées et avec une très bonne compréhension de l'utilité des réseaux sociaux pour un domaine comme le sien.
Au fil de nos échanges, mon impression s'est confirmée et c'est tout naturellement que je me suis promis d'aller lui rendre visite lors d'un prochain passage en Corse.
J'ai tenu ma promesse cet été, et après avoir fait connaissance "en vrai" avec "Mademoiselle D.", je peux vous dire que sa communication sur les réseaux sociaux est à son image et à l'image de ses vins : authenticité, générosité, joie de vivre, modernité et dynamisme !

Comment voit-elle son métier de vigneronne et le vin de façon générale ?

C'est un métier où l'on apprend tous les jours, aussi bien dans les rangées qu'entre les cuves.
Un métier de passion, souvent difficile, mais c'est cette passion qui t'apporte de grandes joies et te fait oublier tout le reste.
Le vin, pour moi ce sont des valeurs mais aussi la convivialité, le partage et le plaisir. Un produit qui doit rester abordable et accessible à tous, même quand il est très très bon.MF Devichi


Maintenant que les présentations sont faites, laissez-moi vous parler du travail de MF Devichi à la vigne et à la cave.

Sa philosophie, dans les vignes et à la cave

Les vignes appartenant au domaine Devichi s'étendent sur 40ha d'un seul tenant dans la plaine, sur un sol argilo-calcaire.
On y trouve du niellucciu (occupant à peu près la moitié de la surface), du vermentinu (aussi appelé malvoisie) et du muscat petits grains.

Lors de ma visite, j'ai eu droit à un petit tour dans les vignes et le moins que l'on puisse dire c'est que l'environnement de travail de Maria-Francesca a de quoi faire des envieux !

Raisin dans les vignes Devichi 2

Raisin dans les vignes Devichi 1

Vignes du domaine Devichi 1

Vignes du domaine Devichi 5

Vignes du domaine Devichi 2

Chez les Devichi père et fille, les vignes sont chouchoutées pour qu'elles puissent donner les plus beaux raisins possibles, condition sine qua non à leurs yeux pour espérer produire un vin de qualité.

Je n'oublie pas qu'avant tout un vigneron (ou une vigneronne) c'est un agriculteur, un paysan. Je ne crache pas sur mes racines, et ma première fierté, c'est de produire de beaux raisins. Et pour ça, crois-moi, j'ai été à bonne école avec mon père. Je tiens de lui cette passion et cet amour du travail bien fait.
On travaille en agriculture raisonnée, mais la labellisation bio ne m'intéresse pas. Sur le plan personnel d'abord, parce que je n'aime pas mettre des gens dans des cases et encore moins que l'on m'y mette. Et puis parce que je sais ce que je fais, et que j'essaie de le faire bien, dans l'intérêt de tous, aussi bien à la cave qu'à la vigne.MF Devichi

Pour assurer la qualité des raisins qui arrivent à la cave, les vignes sont vendangées manuellement. Cela représente une charge de travail non négligeable car il faut plusieurs semaines pour vendanger les 40ha, mais ce travail est un passage obligé selon MF.

Cela me permet d'effectuer une vraie sélection "des grappes" selon mon type de produit, et aussi de garder une visibilité sur ce que l'on rentre à la cave, tout en conservant le fruit intact pour pouvoir le travailler dans les meilleures conditions possibles.MF Devichi

Cuves du domaine Devichi

Après le soin apporté à la vigne, l'objectif à la cave est avant tout de faire ressortir le terroir et l'expression des cépages utilisés sur l'année écoulée (le fameux effet millésime).
Pour ce faire, Maria-Francesca ne levure pas et sulfite juste ce qu’il faut pour que les meilleures souches de levures indigènes présentes sur la pruine du raisin se développent.

Les goûts de pamplemousse et de banane, ça ne m'intéresse pas, mais un bon Niellucciu, travaillé en macération longue avec un raisin top en qualité et en maturité, qui te donne un fruité et une rondeur même après seulement 12 mois de garde, c'est un peu ma marque de fabrique.MF Devichi

Les vinifications sont réalisées dans des cuves en inox et en béton.

Mais la vigneronne aime aussi tenter de nouvelles expériences.
Avec les raisins de la vendange 2014 par exemple, elle s'est essayée à un rosé de saignée alors que jusqu'à présent, le pressurage direct était de rigueur.
Elle aimerait également s'essayer à la vinification dans des cuves œufs, et pourquoi pas tenter des choses avec un élevage sous bois, même si à date, c'est une chose qu'elle ne maîtrise pas.

Je veux continuer à faire des produits que j'aime, sans suivre les modes ou les marchés. Aujourd'hui c'est un peu triste de voir les techniciens prendre le dessus et dicter cette homogénéisation du goût. On ne sait plus dire "ça ne me plaît pas" mais seulement, "ça n'est pas bon" ! Chacun doit savoir rester à sa place et surtout rester humble.MF Devichi

Et la dégustation dans tout ça ?

  • Les vins en AOC Patrimonio

Vin rouge et vin rosé Devichi

Les vins qu'élaborent MF Devichi se déclinent sur les trois couleurs.

Lors de ma visite cet été, je n'ai pas eu la chance de goûter le blanc à base de vermentinu, qui était en rupture de stock, mais si j'en crois mister God Bless Bacchus, j'ai loupé quelque chose !

Mais parlons plutôt de ce que j'ai pu goûter, à commencer par le vin rouge et le vin rosé élaborés par Maria-Francesca, tous deux issus du même cépage, le nielluccio (niellucciu en corse - "niellu" voulant dire "noir, sombre, dur"), l'un des cépages phares de l'île et du vignoble de Patrimonio.

Le rosé : un bouquet de fruits au nez. Un côté fruité que l'on retrouve aussi en bouche. Super agréable à l'apéro !

Le rouge : élevé environ 18 mois en cuve ciment, il est lui aussi très fruité, avec des petits accents de maquis et une rondeur fort agréable.

  • Le Muscat Fruttu di Sole en AOC Muscat du Cap Corse

Muscat du Cap Corse Devichi

Le Muscat Fruttu di Sole est un peu l'emblème du domaine.
En effet, le domaine Devichi a été l'un des premiers domaines à faire du muscat, avant même la naissance de l'AOC Muscat du Cap Corse en 1993.

Les plus vieilles vignes appartenant à la famille Devichi (qui ont 40 ans) sont d'ailleurs des vignes de muscat petits grains.

Le mûrissement optimal des grappes de muscat est assuré grâce à l'exposition sud-ouest des parcelles, qui bénéficient ainsi du soleil presque toute la journée, et grâce à une taille en gobelet, très basse, qui permet de conserver la chaleur.

Selon une tradition familiale, le muscat est élevé en cave, au minimum 3 ans.

J'ai vraiment adoré ce muscat, à la belle couleur ambrée. Il m'accompagne d'ailleurs en ce moment-même alors que je rédige ce billet, avec quelques orangettes artisanales.
Un nez envoûtant, des notes de fruits secs et de miel d'acacia, un parfait équilibre entre acidité et sucrosité, une belle longueur en bouche... bref, un délice ! Je l'ai aussi testé avec des crêpes sucre/citron à l'occasion de la Chandeleur et c'était top.
Prochaine étape : le tester sur du salé, avec par exemple du roquefort. J'en salive d'avance !

Photo d'une partie de la gamme de vins de MF Devichi

  • Les Vins de liqueur

En complément de sa gamme de vins, MF Devichi commercialise également des vins de liqueur.

A l'époque, les parents de Maria-Francesca produisaient des vins de liqueur d'oranges, de myrte, de pêches et de cerises griottes, mais cette production avait été stoppée il y a quelques années.
C'est face aux demandes récurrentes d'anciens clients que Maria-Francesca a décidé de reprendre le flambeau et a appris à confectionner de façon traditionnelle un vin de liqueur aux zestes d'orange et un vin de liqueur aux baies de myrte.

Pour le premier, les zestes d'oranges non traitées sont pelés à la main, pour en diminuer l'amertume, et mis à macérer dans de l'eau de vie. On y ajoute ensuite du vin rosé pour compléter.

Le principe est le même avec les baies de myrte, si ce n'est que le vin rajouté est du vin rouge.

Ces vins de liqueur sont délicieux purs, mais si vous aimez les cocktails, je vous encourage à essayer celui proposé par Guillaume avec le vin de liqueur aux zestes d'orange ou encore celui de Maria-Francesca avec le vin de liqueur de myrte dont vous trouverez la recette ci-dessous :

  • 1/4 de sirop de fraise (ou carrément de la purée de fraises fraîches mixées avec du basilic et de la menthe)
  • 1/4 (voire 1/2 selon la force recherchée) de vin de liqueur de myrte
  • le reste en Orezza (une eau pétillante corse) et glace pilée

Une jeune vigneronne pleine de projets

A la fin de ma visite, nous avons abordé l'avenir et le moins que l'on puisse dire c'est que Mademoiselle D. déborde de projets et d'envies.

A commencer par la volonté de développer l'export, mais de manière plus personnelle, presque plus intime, que ce qui a pu être fait dans le passé.

Parmi ses projets, il y a aussi la construction d'un chai moderne et écologique en plein cœur de ses vignes.

J'ai la chance d'avoir hérité d'une magnifique propriété, à l'heure où des tas de jeunes agriculteurs se battent pour avoir du foncier. Je suis infiniment reconnaissante du travail des générations passées, aussi bien pour le savoir faire que pour les biens qu'elles m'ont laissés.
Idéalement, j'aimerais un jour avoir ma cave et ma maison dans les vignes, en rénovant la vieille bâtisse [NB : celle que l'on voit sur la photo ci-dessous]. J'aspire à un chai moderne , et surtout écologique (autosuffisant par un traitement des effluents de cave ou par la géothermie).
Je suis au cœur d'un site classé, sur un terroir historique et préservé. C'est une force qui te pousse à voir loin, et à voir grand, mais sans aucune prétention parce que la terre, au fond, elle n'appartient à personne...MF Devichi

Bâtisse au coeur des vignes Devichi
Bâtisse au cœur des vignes que MF Devichi voudrait transformer en chai moderne et écologique

Comme je vous le disais plus haut, Maria-Francesca Devichi est très active sur les réseaux sociaux. Pour découvrir son quotidien de vigneronne et vous tenir informés des dernières actualités du domaine, je vous invite donc à la suivre, vous ne serez pas déçus !
Moi par exemple, de retour à Toulouse à la fin de l'été, j'ai adoré découvrir ses photos quotidiennes pendant les vendanges.

Et si vous voulez savoir où vous procurer ses vins, le plus simple c'est de la contacter !

Domaine Devichi

lieu-dit Fontana
20253 Barbaggio

Tel: +33 6 03 83 57 03
Email : m.f[at]wanadoo.fr
Site Internet : à venir
Page Facebook : https://www.facebook.com/MlleD.MFDevichi
Compte Twitter : Devichi Winery @MlleDevichi
Compte Instagram : @mlledevichi


Millésimes en Languedoc 2014 au cœur de la Cité de Carcassonne

4 semaines... C'est le temps qu'il m'aura fallu pour arriver à me poser pour trier mes photos et retranscrire enfin les quelques jours passés à Carcassonne dans le cadre de l'opération Millésimes en Languedoc. Oui, je sais, il faudrait sérieusement que je me mette à écrire des comptes-rendus à chaud, tout de suite après les événements, car plus le temps passe et plus il est difficile de s'y mettre et de se souvenir des détails (sans compter que ma prise de notes lors de ces dégustations n'est pas systématique et organisée, ce qui n'aide pas vraiment).
Bref, j'aurai mis le temps, mais voici enfin mon retour sur Millésimes en Languedoc 2014.

Cette année, l'événement organisé par le CIVL (Conseil Interprofessionnel des Vins du Languedoc), avec l'aide de l'agence Clair de Lune, avait établi ses quartiers au cœur de la cité de Carcassonne pour 5 jours de dégustations intensives à la découverte des différentes appellations du Languedoc.
Des dégustations auxquelles étaient conviés des journalistes français mais aussi beaucoup d'étrangers et quelques blogueurs (je crois que nous étions au total environ 70 ou 80, sachant que tout le monde ne restait pas les 5 jours).

S'il s'agissait de la 6ème édition de cet événement , pour moi c'était une première. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en y allant, mais j'ai pourtant accepté l'invitation sans trop hésiter car je pouvais me libérer pendant 4 des 5 jours (il faut bien qu'être à son compte ait quelques avantages) et je me suis dit que c'était une excellente occasion pour découvrir un maximum de vins du Languedoc, dans l'optique de pousser plus loin la découverte pour ceux qui m'auront tapé dans l'œil pendant la semaine.

Dégustations-à-l'Hôtel-de-la-Cité-à--Carcassonne

Côté pratique, le CIVL prenait en charge le transport et l'hébergement des participants pour 3 nuits. Les repas étant organisés par le CIVL, la restauration sur place était donc également prise en charge.

Côté programme, les dégustations avaient lieu dans une salle de l'Hôtel de la Cité, à l'aveugle puisque les étiquettes étaient masquées par des "chaussettes" (bon, certains trichaient un peu en regardant d'abord le livret de description des différents vins, mais pour le coup, j'ai personnellement joué le jeu car je trouvais plus intéressant de goûter tous ces vins sans aucun a priori). En parallèle de la dégustation dans la salle principale, il y avait aussi chaque jour en fin de matinée une petite présentation sur l'une des AOC présentées.

Les déjeuners étaient quant eux l'occasion de faire connaissance avec des vignerons venus présenter leurs vins lors de la journée, avant de choisir de poursuivre l'après-midi soit en continuant la dégustation démarrée le matin soit en participant à une activité mêlant découverte touristique et dégustations avec des vignerons.
Les dégustations et les rencontres avec des producteurs étaient également de mise lors des soirées "thématiques" qui ont rythmé la semaine (Cassoulet Party, soirée Club des Marques, soirée médiévale, soirée bar à vins).

Côté vins, l'ensemble des appellations du Languedoc ont été mises en lumière pendant la semaine.

  • lundi : AOC Corbières, AOC Corbières-Boutenac et AOC Fitou
  • mardi : AOC Minervois, AOC Minervois-La Livinière et AOC Cabardès
  • mercredi : AOC Faugères, AOC Limoux, AOC Malepère, AOC Saint-Chinian, AOC Saint-Chinian Roquebrun, AOC Saint-Chinian Berlou et AOC Muscat du Languedoc
  • jeudi : AOC Languedoc et ses terroirs et AOC Picpoul de Pinet
  • vendredi : AOC Languedoc et ses terroirs et AOC Picpoul de Pinet (bis, car il y avait vraiment beaucoup de vins à déguster)
  • Je ne suis arrivée que le mardi, donc j'ai loupé les appellations Corbières et Fitou.
    Mais pendant mes 4 jours à Carcassonne, j'ai quand même pu déguster beaucoup de vins. Et quand je dis beaucoup, c'est vraiment beaucoup ! Durant ces 4 jours, il y a en effet eu près de 700 vins en dégustation dans la salle principale (et j'ai dû en goûter entre 500 et 600), et à cela il faut rajouter ceux dégustés pendant les déjeuners, les activités de l'après-midi et les soirées. Donc le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y avait du choix.

    Et pourtant, j'ai tout de même eu un petit regret en découvrant que certains des vins que j'apprécie dans le Languedoc n'étaient pas présents lors de ces dégustations car les vignerons n'avaient pas envoyé d'échantillons. Je trouve cela dommage, mais j'imagine que ces vignerons avaient leurs raisons pour ne pas souhaiter participer à cet événement.

    Vu le nombre de vins que j'ai dégustés pendant la semaine, je ne vais pas tous vous les lister.
    Je n'ai retenu que ceux qui m'ont davantage intéressée, pour diverses raisons.

    THE coup de cœur du séjour : les vins du domaine Le Conte des Floris

    Les-vins-du-domaine-Le-Conte-des-Floris
    Quelques uns des vins du domaine Le Conte des Floris

    Le nom de ce domaine basé à Pézenas m'était familier mais je n'avais encore jamais eu l'occasion de goûter les vins (ou pour être exacte, j'avais loupé l'occasion lors de Millésime Bio à cause d'un train à prendre).

    Première rencontre avec les vins du domaine Le Conte des Floris à l'aveugle, parmi les vins proposés à la dégustation le jeudi matin, et premier coup de cœur pour 2 rouges du domaine :

  • cuvée Carbonifère 2010 - cépages : syrah, grenache, carignan
  • cuvée Homo Habilis 2010 (dont j'aime aussi beaucoup l'étiquette) - cépages : syrah, grenache, mourvèdre
  • Une première très bonne impression confirmée le soir-même, lors de la soirée bar à vins, par la découverte de 3 autres cuvées du domaine, en présence des producteurs, Catherine et Daniel Le Conte des Floris (très sympas aussi !). Si j'ai aimé le rouge, j'ai eu un véritable coup de foudre pour les blancs, et notamment la cuvée Lune Blanche !

  • cuvée Villafranchien 2002 et 2004 - cépages : grenache, carignan, syrah
  • cuvée Arès 2012 - cépages : marsanne, carignan blanc
  • cuvée Lune Blanche 2001 et 2003 - cépage : carignan blanc
  • Vous trouverez plus de détails sur les différentes cuvées sur le site internet du domaine.

    J'ai vraiment beaucoup apprécié l'ensemble des vins proposés par ce domaine lors de Millésimes en Languedoc, donc il est fort probable que j'aille y faire un tour lors d'une prochaine virée dans le Languedoc.

    Domaine Le Conte des Floris
    19, avenue Emile Combes 34120 PEZENAS
    Tel : 06 16 33 35 73
    Email : domaine.floris@gmail.com
    Site internet : http://www.domainelecontedesfloris.com

    Une belle découverte dans les Corbières : Alexandre They du Château Vieux Moulin

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    Alexandre They du Château Vieux Moulin

    Comme je le disais en introduction, je ne suis arrivée que mardi, donc j'ai manqué les dégustations dédiées à l'appellation Corbières. Mais grâce à l'activité organisée le mercredi après-midi (découverte de l’appellation Corbières avec les 2 CV de Vin 4 heures tour et goûter vigneron en haut de la Montagne d’Alaric), j'ai tout de même eu le plaisir de découvrir et déguster quelques uns des vins d'Alexandre They du Château Vieux Moulin.

    J'ai accroché aussi bien avec le rouge qu'avec le rosé, et en plus Alexandre est sympa, donc ça méritait un petit coup de projecteur sur ce domaine familial (6 générations s'y sont succédées depuis 2 siècles), basé à Montbrun-des-Corbières.

    Voici les présentations très poétiques que l'on trouve sur le site internet du domaine concernant les 2 vins que j'ai dégustés :

  • Les Ailes (rouge) - cépages : carignan, grenache , mourvèdre
  • Montbrun est allongé sur sa garrigue dans les CORBIERES balayées par nos vents,
    le MOULIN est là, témoin silencieux de l’histoire de ce vin.
    L’élan de cette Cuvée lui rend ses AILES, elle a la force du Cers,
    la langueur du Marin, la chaleur du soleil et les parfums poivrés de l’automne.
    L’histoire est elle, vous vous en souviendrez.

  • Château Vieux Moulin Rosé - cépages : grenache , cinsault, syrah
  • La robe d’un couché de soleil,
    Les parfums d’Orient et d’Occident,
    Les saveurs de fruits bien mûrs,
    Ce sont les plaisirs de l’été qui sont capturés dans cette bouteille.

    Château Vieux Moulin
    11700 Montbrun des Corbières
    Tel : 04.68.43.29.39
    Email : l.they@vieuxmoulin.net
    Site internet : http://www.vieuxmoulin.net
    Facebook : https://www.facebook.com/vieux.moulin
    Twitter : https://twitter.com/VieuxMoulin

    Véronique Attard du Mas Coris, une active participante aux Vendredis du Vin, qui fait surtout de jolis vins à Cabrières

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    Véronique Attard du Mas Coris

    Lors du déjeuner du jeudi, j'ai enfin pu rencontrer "IRL" Véronique Attard du Mas Coris. J'étais très contente car voilà un moment que nous échangions virtuellement sur Facebook, après avoir fait connaissance via les Vendredis du Vin, et j'avais vraiment envie de pouvoir papoter avec elle de vive voix.

    Je n'ai pas été déçue car Véronique est fidèle à l'image joyeuse et attachante que je me faisais d'elle. Mais en plus d'être une personne respirant la joie de vivre, Véronique est aussi une vigneronne qui fait, avec son mari Jean, de jolis vins bio dans son petit domaine de Cabrières, au creux du Pic de Vissou.

    J'ai d'abord eu l'occasion de goûter à l'aveugle le matin l'un des nouveaux rouges du domaine, que j'ai beaucoup apprécié, puis j'ai découvert avec plaisir lors du déjeuner son rosé (très clair cette année, mais doté d'une belle matière en bouche) :

  • cuvée Téthys (rouge) 2012 - cépages : cinsault, grenache, syrah
  • Un vin avec lequel nous sommes "tombés en amour" comme disent nos cousins québécois, au point de garder le nez sur la cuve pour en sentir les effluves durant sa période de cuvaison !

  • cuvée Coulée douce (rosé) 2013 - cépages : cinsault, grenache
  • Si vous voulez en savoir plus sur ces vins et sur ce domaine, n'hésitez pas à aller visiter le blog du Mas Coris tenu par Véronique !

    Mas Coris
    34800 Cabrières
    Tel : 06 74 14 88 91
    Blog : http://mas-coris.com
    Facebook : https://www.facebook.com/pages/MAS-CORIS-ou-naissance-dun-petit-domaine/257311949670

    Une maison de négoce pas comme les autres : Calmel & Joseph

    Calmel-&-Joseph
    Jérôme Joseph (à gauche) et Laurent Calmel (à droite)

    Lors du dîner du mercredi, j'ai eu à ma table Laurent Calmel, œnologue, et Jérôme Joseph, qui nous ont fait découvrir leurs vins. L'occasion pour moi de découvrir une autre façon d'aborder le négoce.

    Calmel & Joseph (le nom de leur société) est un micro négoce spécialisé dans les vins du Languedoc Roussillon. Leur spécificité réside dans le fait de vouloir vinifier le plus naturellement possible une gamme de vins issus des terroirs du Languedoc Roussillon à partir d’une sélection parcellaire rigoureuse. Ils recherchent les parcelles travaillées le plus naturellement possible, gage pour eux de complexité et de personnalité, puis travaillent main dans la main avec les viticulteurs. Ils sont très impliqués dans la vinification et l'élevage des différentes cuvées et tout se fait directement chez les viticulteurs.

    Globalement, j'ai trouvé la gamme "Les Terroirs" dégustée lors du dîner plutôt bien faite avec des vins qui étaient effectivement assez représentatifs des différentes appellations représentées. J'ai notamment bien aimé le Saint-Chinian rouge.

    Actuellement, une grosse partie de la production part à l'export, mais Laurent Calmel et Jérôme Joseph souhaitent aussi se développer sur le marché français.

    Vous trouverez plus d'informations sur leur site internet (qui est plutôt chouette d'ailleurs, tout comme leurs étiquettes et l'ensemble de leurs outils de communication).

    Calmel & Joseph
    42, rue Bardes 11000 Carcassonne
    Tel : 04 68 72 09 88
    Email : contact@calmel-joseph.com
    Site internet : http://www.calmel-joseph.com
    Facebook : https://www.facebook.com/CalmelJoseph

    Ils m'ont bien plu aussi

    Voici en image un petit aperçu (donc non exhaustif) de quelques uns des autres vins qui m'ont plu, dans diverses appellations.

    Aperçu-de-quelques-vins-dégustés-à-Millésimes-en-Languedoc

    Clin d'oeil touristique pour finir

    Pour finir, puisqu'il faisait un très beau temps pendant presque toute la semaine, je vous laisse avec quelques photos prises lors des balades organisées pendant les 4 jours.

    Quelques clichés de la belle cité de Carcassonne (très agréable de la redécouvrir sous le soleil après l'avoir parcourue pour la première fois sous une pluie diluvienne pendant Oenovidéo l'année dernière), du canal du Midi ainsi qu'un aperçu des vues magnifiques depuis le sommet de la montagne Alaric et depuis la chapelle Notre Dame des Auzils à Gruissan.

    Au-coeur-de-la-cité-de-Carcassonne
    Au coeur de la cité de Carcassonne
    Des-Corbières-à-La-Clape
    Des Corbières à La Clape en passant par le canal du Midi

    J'arrive à la fin de ce compte-rendu de Millésimes en Languedoc 2014.
    Au final, j'en retiens surtout du positif car j'ai vraiment apprécié ces 4 jours à la découverte de ces appellations du Languedoc que je ne connaissais pas si bien que ça.
    4 jours qui m'ont donné envie d'y retourner très vite pour rendre visite à quelques vignerons et faire davantage connaissance avec certaines appellations.
    Outre les vins, j'ai aussi aimé découvrir un peu mieux cette région finalement assez proche de Toulouse mais que j'ai plutôt tendance à délaisser, et j'ai apprécié les échanges avec les journalistes, français et étrangers, avec lesquels j'ai pu discuter.

    Je remercie donc le CIVL pour cette invitation et toute l'équipe de Clair de Lune qui a assuré un max pendant toute la semaine. Mais aussi tous les vignerons qui se sont joints à nous lors des déjeuners, activités et dîners car si j'aime déguster des vins, j'aime encore plus échanger avec ceux qui le font !


    Marine et Sébastien Luigi-Clos Nicrosi-Corse

    Le Clos Nicrosi, une pépite au coeur du Cap Corse

    Pour oublier un peu le froid qu'il fait dehors, j'ai décidé de vous raconter la visite qui a ponctué mes vacances en Corse cet été, visite dont j'ai déjà distillé quelques infos ici et là dans mes précédents billets pour les Vendredis du Vin mais que je n'avais pas encore pris le temps de vous conter en détails.

    Et quelle meilleure façon de commencer ce billet que de planter visuellement le décor. "Une image vaut 1000 mots" comme on dit !

    Vue-sur-Macinaggio-depuis-Rogliano

    Cette superbe vue a été prise dans le Cap Corse, depuis le village de Rogliano. Et au loin, ce que vous voyez c'est le port de Macinaggio.

    Voici la petite carte qui va bien (merci Google !) pour vous montrer où ça se trouve précisément sur la carte de la Corse.

    carte google pour situer Rogliano en Corse
    Rogliano c'est le petit A tout en haut sur la carte

    C'est dans ce cadre enchanteur que s'est faite notre rencontre avec Marine et Sébastien Luigi qui épaulent leur père Jean-Noël à la tête du Clos Nicrosi.

    Un domaine qui depuis longtemps figure parmi les fleurons de la viticulture corse et que j'avais à coeur de visiter car ses vins blancs secs sont parmi les premiers que j'ai eu l'occasion de découvrir sur l'Ile de Beauté, il y a maintenant quelques années.

    Sébastien Luigi nous a accueillis au caveau, qui se trouve à Macinaggio. C'est le point de vente des vins du Clos Nicrosi, et c'est aussi là que se fait la vinification.

    Mais les vins sont ensuite mis en bouteilles et hivernent sur les hauteurs de Macinaggio, à Rogliano, le très joli village que vous pouvez voir sur la photo ci-dessous.

    Village-de-Rogliano
    Le joli village perché de Rogliano

    maison-de-famille-des-Luigi
    La maison de famille des Luigi à Rogliano
    A Rogliano se trouve en effet la maison de famille des Luigi, une belle "maison d'Américain" comme on en trouve dans le Cap Corse, et c'est dans les caves de cette belle demeure que les vins sont mis en bouteille et reposent jusqu'à leur commercialisation.
    [mise à jour du 13/03/2017 : il semblerait que depuis mon article les choses aient changé car je viens d'apprendre que cette maison d'Américain, appelée le Palazzu Nicrosi, allait bientôt devenir une demeure de charme : http://www.palazzu-nicrosi.com. Ouverture apparemment prévue en mai 2017, donc affaire à suivre !]

    Nous avons donc démarré la visite ici, et nous y avons retrouvé Marine Luigi, la soeur de Sébastien et la dernière venue sur le domaine.

    L'histoire du domaine

    Créé vers 1850, le Clos Nicrosi est l'un des plus vieux domaines du Cap Corse. A la mort de son fondateur, Dominique Nicrosi, en 1920, aucun des enfants ne reprend la suite. Il faudra attendre près de 40 ans pour que le vignoble soit reconstitué par les arrières petits-fils de Dominique Nicrosi. C'est en effet en 1959 que Toussaint et Paul Luigi (le grand-oncle et le grand-père de Marine et Sébastien) décident de replanter des vignes. Leur première bouteille voit le jour en 1962.

    Jean-Noël Luigi, le père de Marine et Sébastien, a quant à lui rejoint l'exploitation dans les années 80.
    Aujourd'hui, Marine, 28 ans, et Sébastien, 36 ans, sont donc la 4ème génération à travailler sur le domaine (depuis 2 ans pour la première et 10 ans pour le second).

    La philosophie

    Les vignes du Clos Nicrosi, environ 10 ha aujourd'hui, se situent dans la plaine de Macinaggio.

    Ce sol, composé de schistes dégradés et d'un peu d'argile, sied à merveille aux cépages traditionnels corses travaillés par le domaine : le Vermentinu (pour les blancs), l'Aleatico (pour le Rappu) mais aussi les fameux Sciaccarellu (1ha) et Niellucciu (1/2ha), des cépages rouges (en cours de replantation, une partie des vignes en rouge ayant été dévastée par les sangliers et la maladie du bois).
    Pour le Muscatellu, le Clos Nicrosi travaille avec du Muscat Petits Grains.

    Le vignoble est conduit en agriculture raisonnée et les vendanges sont faites exclusivement à la main.

    La vinification se fait dans des cuves inox thermorégulées et seules les levures indigènes sont utilisées pour la fermentation. Pas d'élevage en fût non plus.
    Pour l'ensemble de leurs vins, les Luigi veillent à respecter autant que possible la tradition des anciens.

    Marine et Sébastien Luigi

    On sent, en écoutant Marine et Sébastien ce profond respect des traditions, du travail accompli par les anciens qui a contribué à faire la réputation des vins du Cap Corse.

    Mais ce que j'ai particulièrement aimé chez eux, c'est que, malgré la notoriété du domaine, ils ont la volonté de ne pas se reposer sur leurs lauriers pour continuer à le faire progresser.
    Et surtout que ce respect de la tradition n'est pas synonyme d'immobilisme. Au contraire, ils ont plein d'envies pour l'avenir et ont la ferme intention de faire souffler un vent de modernité sur le domaine.

    Parmi leurs projets, il y a d'abord la construction d'une cave, d'ici maximum 5 ans, car les allers-retours entre Macinaggio et Rogliano génèrent beaucoup de manutention.

    Il y a aussi le souhait de se développer en France et à l'export car à date 80% de la production est vendue en Corse.

    Il y a enfin l'envie d'élargir la gamme.
    C'est dans cet optique que des cépages rouges ont été replantés pour pouvoir proposer du Clos Nicrosi en rosé et en rouge.
    Mais Marine et Sébastien ne s'arrêtent pas là et travaillent aussi sur leurs blancs et leurs muscats. Ils aimeraient à terme pouvoir proposer 2 blancs et 2 muscats.
    Nous avons eu la chance pendant notre visite de goûter quelques uns de leurs essais sur le muscat et il y a des choses très intéressantes. J'ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner dans les années à venir !

    Justement, plus que l'on parle de la gamme des vins du Clos Nicrosi, passons à une étape essentielle : la dégustation !

    Et la dégustation dans tout ça ?

    Les-vins-du-Clos-Nicrosi

    C'est au caveau que nous avons pu déguster les derniers millésimes en vente à la fin de notre visite.

  • Le blanc sec en AOC Coteaux du Cap Corse
  • Le blanc sec du Clos Nicrosi est composé à 100% de Vermentinu. C'est le terroir de schistes qui apporte une certaine minéralité au vin et lui permet de s'exprimer pleinement sans avoir besoin de recourir à l'élevage en fût.

    Nous avons eu l'occasion de goûter les millésimes 2010, 2011 et 2012.
    Mon préféré a été le 2010, que j'ai trouvé plus complexe et que j'imaginais volontiers à table, mais le 2012 m'a également beaucoup plu, avec son nez très intense et ses arômes floraux et très fruités.
    Quant au 2011, il était très bon aussi, avec une belle ampleur en bouche, mais il m'a globalement moins séduite sur le coup.

    Lors de cette dégustation, Sébastien nous a expliqué que ces vins blancs avaient un beau potentiel de vieillissement et qu'il ne fallait pas hésiter à les garder quelques années. Je vais essayer mais ce n'est pas gagné vu mon impatience légendaire.

  • Le Muscatellu en AOC Muscat du Cap Corse
  • Réalisé uniquement à partir de Muscat Petits Grains.

    Les raisins sont récoltés manuellement dans des cagettes en bois puis 60 à 80% de la récolte est passerillée directement dans les vignes. C'est-à-dire que l'on laisse les raisins sécher au soleil, pendant 1 à 2 semaines dans le cas du Muscatellu du Clos Nicrosi. Cette étape permet de moins muter à l'alcool par la suite.

    Comme pour les autres vins du domaine, la fermentation et l’élevage s'effectuent ensuite dans les cuves inox thermorégulées en utilisant les levures indigènes (le muscat reste au maximum un an en cuve).

    A la fin du processus, un mutage à l’alcool est effectué pour préserver les sucres et obtenir un degré alcoolique suffisant.

    Nous avons eu l'occasion de déguster le Muscatellu dans 2 millésimes, le 2011 et le 2012.
    J'aime les vins moelleux et les vins doux naturels de façon général, mais je suis parfois déçue quand j'en rencontre chez qui le sucre prend trop le dessus et rend la bouche pâteuse.
    Or ici, les 2 millésimes m'ont convaincue car il y avait un très bon équilibre, et l'acidité, bien présente, permettait de réduire la sensation de sucrosité en bouche.
    Si vous appréciez ce type de vins, foncez car ce Muscatellu est un pur délice, avec des arômes de fruits secs et de miel !

  • Le Rappu
  • Le dernier bijou du Clos Nicrosi est produit de façon confidentielle (600 à 1000 bouteilles par an), mais si vous avez un jour l'occasion de croiser son chemin, vous ne serez pas déçus !

    Ce vin rouge sucré est issu de moût de raisin partiellement fermenté et réalisé à 100% avec le cépage Aléatico.
    J'en avais déjà parlé lors d'une précédente session des Vendredis du Vin, donc je vous invite à relire ce billet pour avoir plus de détails sur le mode de production de ce vin et sur la dégustation.

    J'ai eu un gros coup de coeur pour ce vin, donc je vous invite vraiment à le goûter à l'occasion. Bon, c'est juste un peu compliqué de le trouver sur le continent, mais n'hésitez pas à prendre contact directement avec le domaine pour avoir plus d'informations sur sa distribution.

    Aparté pour les toulousains : le Domaine de Lastours, 44 rue du Languedoc, commercialise les vins du Clos Nicrosi, donc vous pouvez toujours aller les voir et leur demander s'il leur est possible de passer une commande de Rappu.

    D'ailleurs, à propos de contact, voici venu pour moi le moment de terminer ce billet en remerciant encore Marine et Sébastien pour leur gentillesse et leur disponibilité et en vous donnant les coordonnées du domaine, si ce billet vous a donné envie de découvrir leurs vins :

    Clos Nicrosi

    20247 Rogliano
    Tel : 04 95 35 41 17
    Email : clos.nicrosi@orange.fr
    Site internet : http://www.closnicrosi.fr
    Page Facebook : https://www.facebook.com/ClosNicrosi
    Compte Twitter : @ClosNicrosi


    Montage photo - Virginie Maignien - Domaine Causse Marines - Gaillac

    Chroniques au cœur du vignoble de Gaillac #2 : Causse Marines

    Suite à mon dernier billet dans lequel je vous présentais le vignoble de Gaillac (billet que vous pouvez relire en cliquant ICI), je vous propose de continuer avec une série de portraits de vignerons gaillacois.

    Portrait de Virginie Maignien - Causse Marines - Gaillac Et pour entamer cette série, je vous emmène à la rencontre de Virginie Maignien du Domaine de Causse Marines, situé sur les hauteurs du village de Vieux, sur le plateau cordais.

    Causse Marines, c'est un domaine conduit en biodynamie par un duo de choc, Patrice Lescarret et Virginie Maignien. Patrice étant absent ce jour-là, c'est Virginie, accompagnée de son chien Darius (dont ma doudoune se souvient encore de l'enthousiasme ;-)) qui m'a accueillie sur place en début d'après-midi.

    Au programme : un échange très intéressant sur l'appellation et ses problématiques, puis une visite du domaine en compagnie d'un couple de vignerons italiens de passage dans la région.

    Un domaine qui fut baptisé lors de son rachat par Patrice en 1993. "Causse" car l'ensemble du vignoble s'étend sur un causse calcaire et "Marines" eut égard au nom du ruisseau délimitant le bas de la propriété. Une propriété qui s'étend aujourd'hui sur 40 ha, dont 12 ha de vignes qui entourent la maison (une ancienne ferme que Virginie et Patrice ont restaurée).

    Si on y regarde de plus près, rien ne prédisposait a priori Patrice et Virginie à atterrir à Gaillac puisque le premier est originaire de Bordeaux et la seconde du Jura.
    Patrice, diplômé de l'Institut d'Oenologie de Bordeaux, fit ses classes à Sancerre et en Provence avant de se lancer en solo en 1993. Virginie quant à elle est d'abord passée sur les bancs d'une grande école de commerce et a travaillé dans d'autres domaines avant de choisir la voie du vin et d'entreprendre des études viti-vinicoles au CFPPA de Beaune. En 2005, elle est venue faire les vendanges à Causse Marines et n'est jamais repartie.
    Alors pourquoi le choix de Gaillac?

    Mise à l'honneur des cépages autochtones

    Leur intérêt commun pour les vieux cépages autochtones est une des raisons principales.
    Les vignes travaillées sur le domaine sont ainsi soit des vieilles vignes "greffées en place" (celles en bas de la maison datent de 1932 et celles près de la route ont 70 ans) soit de nouvelles plantations issues de sélection massale ; et on y trouve pas moins de 13 cépages : Muscadelle, Loin de l'Oeil, Ondenc, Mauzac, Chenin, Sémillon et Petit Manseng pour les blancs ; Braucol, Duras, Prunelard, Syrah, Jurançon et Alicante pour les rouges.

    Visite domaine Causse Marines - Gaillac
    Darius nous accompagne dans la visite du domaine

    Bio, biodynamie et vins natures : une évidence

    Le choix de cette propriété un peu à l'écart du village et le rachat par la suite des terrains et forêts l'entourant ont été motivés par leur volonté de se créer un petit îlot isolé leur permettant d'être tranquilles et de travailler comme ils le souhaitaient, c'est-à-dire en accord avec la nature. Comme je l'évoquais plus haut, le domaine de Causse Marines est conduit en biodynamie. Officiellement certifié bio depuis 2008 (même s'il l'était officieusement depuis 1997), il est également certifié Demeter depuis 2009.

    C'est Virginie qui s'occupe des préparations nécessaires au travail en biodynamie.
    Les sols sont travaillés un rang sur deux, les vignes bichonnées et taillées en guyot sur fil ou en gobelet selon les cépages. A partir de mi septembre pour les vins blancs secs et jusqu'à fin octobre ou fin novembre pour les vins doux, les raisins sont vendangés et triés manuellement (un gîte est loué pour l'occasion pour la ribambelle d'amis fidèles qui viennent leur prêter mains fortes). Un travail d'orfèvre qui se traduit par des rendements, d'environ 25 hectolitres par hectare.
    Le soin apporté dans les vignes pour obtenir les meilleurs raisins, est suivi d'un travail de vinification à la cave qui se veut le plus naturel possible. Les raisins sont pressés en inertage sous gaz carbonique afin de limiter l'usage du soufre, et collage et filtration sont réduits au maximum.

    Maintenant que vous savez tout ou presque sur le domaine et sur la façon dont les vins sont élaborés, passons à une étape essentielle, la dégustation !

    Et côté dégustation, ça donne quoi?

    Photo des vins dégustés au domaine Causse Marines - Gaillac

    Niveau production, Causse Marines produit environ 50% de vins blancs ou moelleux et 50% de vins rouges.

    Le jour J, je n'ai pas eu l'occasion de tout goûter car plusieurs cuvées étaient en rupture de stock ou pas encore mises en bouteille.
    Mais nous avons tout de même eu le plaisir de découvrir plusieurs vins, classés en vins de table : Dencon, Rasdu, Zacmau.
    Bizarres ces noms me direz-vous, mais il s'agit en fait des noms à l'envers des cépages avec lesquels ils sont élaborés (une façon astucieuse de contourner la règle qui empêche de mentionner le nom des cépages sur les vins de table) : Dencon pour Ondenc, Rasdu pour Duras et Zacmau pour Mauzac.
    Pour ma part, j'ai été séduite par le Zacmau qui parvient à allier finesse et peps, et possède une belle longueur. Mais j'ai aussi trouvé le Rasdu très intéressant, avec des tannins présents et une belle acidité, typique du Duras. Un vin que j'apprécierais cependant davantage à table à mon avis.

    Pour finir, Virginie nous a réservé une petite surprise en sortant un truc un peu barré, une cuvée baptisée Hystérie. Hystérie en résumé c'est un moût partiellement fermenté, 10 ans d'élevage et seulement 1° d’alcool, le tout dans une bouteille allongée de 10 cl. Le résultat : un nectar ultra concentré, à la texture sirupeuse, mais qui conserve de l'acidité. Très original en bouche !

    De retour à Toulouse, je suis allée faire un saut chez mon caviste et j'ai réussi à y dégoter quelques cuvées supplémentaires, en AOC ce coup-ci, que je me suis empressée de goûter.

    Les Greilles 2011 (blanc) : un vin qui m'a moins convaincue que le Zacmau. Nez un peu fermé, bouche manquant d'acidité à mon goût. Mais j'aurais peut-être dû l'aérer un peu plus. À retester donc!
    Les Peyrouzelles 2011 (rouge) : un vin sur le fruit, tout en légèreté, avec une pointe d'épices. Seul bémol : une finale qui m'a semblée un peu courte.
    Grains de Folie 2008 (blanc moelleux) : une jolie robe dorée, de la finesse, de la complexité et surtout un bel équilibre entre la douceur et l'acidité qui évite l'écueil de certains vins moelleux que je trouve parfois trop sucrés.

    Pour finir ce billet, je citerais la phrase de conclusion sur la brochure présentant le domaine que Virginie m'a remise en partant car elle traduit très bien pour moi l'état d'esprit des vins de Causse Marines :

    "On peut faire bio "sans avoir le cheveu long et fumer la moquette" ; on peut faire des vins natures qui ne sentent pas le pet de vache".

    Domaine de Causse Marines
    Patrice Lescarret & Virginie Maignien
    81140 Vieux
    Tél : +33 (0)5 63 33 98 30

    Je vous invite également à aller sur leur site internet www.causse-marines.com pour découvrir les autres cuvées disponibles et suivre l'actualité du domaine.