Touche pas à mon vigneron

Si je prends la plume aujourd’hui, ou plutôt le clavier, c’est parce que je suis en colère!
En colère de voir à quel point on s’acharne en France sur les vignerons.

La raison de mon ire? Un rapport remis récemment au gouvernement par le Professeur Michel Reynaud sur les « Dommages liés aux addictions et les stratégies validées pour réduire ces dommages » .
Quand j’en ai pris connaissance grâce à Louise Massaux j’ai bondi sur ma chaise!
Si vous avez un peu de temps, vous pouvez lire l’intégralité du dit rapport ici : http://cms.centredesaddictions.org/pdf/Mildt_MR_DJM_Synthese.pdf

Dans tous les cas, je vous invite à lire le résumé fait par Louise avant de lire la suite de mon billet.

C’est bon, vous l’avez lu? Alors je reprends.

Devant un tel amas de conneries, il y aurait beaucoup à dire.

Pour commencer ce qui me rend folle, c’est cette propension à traiter sur un pied d’égalité les alcools forts et le vin. Parce que c’est bien connu, quand tu veux te mettre la tête à l’envers, surtout quand tu es jeune, c’est une bouteille de vin que tu vas prendre! Faudrait voir à arrêter 2 secondes de prendre les gens pour des cons.

Mais surtout, ce qui me met hors de moi c’est qu’à lire les rédacteurs de ce rapport, les vignerons ne seraient, via le fruit « hautement addictif » de leur travail, pas loin d’être aussi nocifs que des dealers de coke.

Alors bien sûr, je suis d’accord que toutes les consommations excessives sont nocives, mais pour commencer, ceci ne s’applique pas qu’au domaine du vin.
Manger trop de junk food est nocif, et pourtant on n’interdit pas à McDo ou Coca parler de leurs produits et d’en faire la promotion sur les différents médias. On pourrait me répondre, que dans le cas de la junk food, contrairement à l’alcool, il n’y a pas d’addiction. Ok.
Jouer aux jeux de grattage, au PMU, au Loto, faire des paris sur Internet, etc. Ça aussi, à outrance c’est nocif, et pour le coup ça peut développer des addictions. Et pourtant, aux dernières nouvelles on n’interdit pas à ces sociétés de faire de la pub pour vendre leurs produits.

Et puis merde, pourquoi vouloir à tout prix lier vin et addiction?!

Excusez-moi de penser que les consommateurs de vin, dans leur grande majorité, ne sont pas des alcooliques notoires qui ont besoin de leur « shoot » de vin quotidien!

Excusez-moi de croire que l’on peut aimer le vin, et même en être passionné, et le consommer avec modération!

Excusez-moi de voir dans le vin, non pas cette boisson alcoolique addictive que ces gens voudraient me dépeindre, mais un produit culturel, un morceau essentiel de notre patrimoine historique et culturel, un vecteur important d’échanges, de partage et de convivialité!

Excusez-moi de clamer haut et fort que les vignerons ont le droit d’être fiers de leur travail et devraient avoir le droit d’exprimer cette fierté, cet amour de leur métier sur ces médias de partage que sont Internet et les réseaux sociaux!

Nul besoin de vous rappeler que les vignerons sont déjà pieds et poings liés par la loi Évin.
A cet égard, je vous conseille vivement la lecture de l’excellent ouvrage de Jacques Dupont intitulé « Invignez-vous » ainsi que la lecture d’un autre billet de Louise au sujet de la loi Évin.

Ceux qui vendent des produits ou services, quels qu’ils soient, savent que si le « faire » est essentiel, le « faire savoir » est tout aussi important. Priver les vignerons de la possibilité de s’exprimer et de parler de leurs produits sur Internet et les réseaux sociaux, alors qu’ils n’ont déjà pas la possibilité de s’exprimer ailleurs, revient à signer à terme leur arrêt de mort. Surtout dans un contexte où la concurrence internationale s’intensifie et où les producteurs étrangers ont eux le droit de s’exprimer comme ils le souhaitent, sur Internet et ailleurs.

Je suis persuadée que ce n’est pas en multipliant les interdits qu’on luttera efficacement contre les addictions.
Au contraire, pour promouvoir le « bien boire », comme beaucoup, je suis convaincue que l’éducation est essentielle.
Or l’avantage d’Internet et des réseaux sociaux par rapport à d’autres médias c’est justement qu’on peut développer, apporter plus de contenus, créer une réelle interaction avec les consommateurs, et donc éduquer.

D’ailleurs, la plupart des vignerons français qui s’expriment actuellement sur un blog ou sur les réseaux sociaux n’a pas un discours visant à vous « fourguer à tout prix un produit ». Au contraire, ils sont nombreux à faire un vrai travail de pédagogie en expliquant leur métier, en décrivant leur quotidien, en l’illustrant par des photos ou des vidéos et aucun ne prône une consommation à outrance, bien au contraire.

Je ne développerai pas plus car je pense que vous avez compris mon point de vue.

Alors, si comme moi vous aimez le vin et vous voulez soutenir la viticulture française et empêcher qu’on prive nos vignerons de leur liberté d’expression sur le net, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Voici ci-dessous le lien vers la pétition à signer et à faire circuler au plus grand nombre.
Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de poids!

https://www.change.org/petitions/sauvons-le-droit-d-expression-de-nos-vignerons?utm_campaign=twitter_link_action_box&utm_medium=twitter&utm_source=share_petition

N’hésitez pas à rejoindre aussi le collectif « Touche pas à mon vigneron » :
Sur Facebook : https://www.facebook.com/TouchePasAMonVigneron
Sur Twitter : https://twitter.com/TPAMV

Merci d’avance de votre mobilisation!

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About Maïlys RAY

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0 comments on “Touche pas à mon vigneron

  1. Tout à fait d’accord avec toi !
    Défendons notre culture, notre patrimoine et notre civilisation face aux attaques de tous les obscurantismes !
    http://www.oenoblogue.com/2013/06/touche-pas-mon-vigneron.html

    • Merci. J’en ai profité pour faire suivre votre propre billet sur Twitter

  2. Bravo pour ton billet Mailys que je découvre seulement maintenant!! Nous sommes tous passionnés!! Pas trop le temps de blogguer de mon coté ces derniers temps… Il répond vraiment très bien a la question. Il ne faut pas en plus oublier, au dela de l’aspect socio-culturel, l’importance économique, le nombre d’emplois qu’occupe la filière viticole, sachant que l’agro alimentaire occupe plus que 20% des emplois en France. Je serais quand même surpris que nos gouvernants soient prets à sabrer tout un secteur économique qui contribue d’ailleurs au budget de l’état, sous pretexte d’arguments moralisateurs et fallacieux…

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